Thursday, November 23, 2006

J'ai peur...

Un martyr de plus tombe pour le Liban. Le pays est en deuil, sous le choc de cette mort injuste, celle d’un jeune homme qui avait le courage de se battre pour sa patrie et ses idées.
Mais au-delà de la douleur face à cette perte, ce sont les conséquences qui me terrifient.
Je suis tétanisée à la vue des pneus brûlés, des rixes qui éclatent entre les partisans des différents courants, comme aux heures les plus noires de la guerre.
La guerre, on n’a connu que ça.
Je fais partie de la génération quatre-vingts, et au Liban, cela signifie naître et grandir au plus fort des conflits, et en garder les séquelles à tout jamais.
À l’époque, nous n’avions pas eu le choix. Nous n’étions que des enfants obligés de subir la folie des grands, de rater l’école, de déménager au gré des combats, de vivre entassés dans les cages d’escaliers pour se mettre à l’abri des obus, avec comme musique d’ambiance, les « départs-arrivées » et le crachotement des postes de radio qui tentaient tant bien que mal de nous relier au monde extérieur.
Mais aujourd’hui, c’est nous, les « grands », et ce choix, nous l’avons.
Le choix d’être ceux qui appellent au calme au lieu d’être ceux qui ravivent les tensions. Le choix de la rationalité face à la violence. Le choix du dialogue et de l’union face à l’affrontement et la discorde.
Nous avons le pouvoir, mais surtout le devoir, d’éviter à nos (futurs) enfants de subir l’horreur que nous avons dû affronter.
Tout simplement parce que nous sommes les mieux placés pour savoir que la guerre et les violences ne résoudront jamais rien.

5 comments:

Anonymous said...

Belle plume!! .. et surtout Beau nez ! ;)
Bisou

Anonymous said...

arrête de draguer ma soeur, toi...

Anonymous said...

Ton article est très poignant! J’ai eu l’occasion de lire dans le journal aussi, et ta signature m’a troublée : « En exil forcé à Lyon »…
J’étais à l’Orient hier, et je me suis obstinée à récolter toutes les informations relatives à la mort ignoble de Gebran Tueni, et j’ai été péniblement surprise par le fait que les même discours/paroles/opinions/réactions prirent place ce jour-là… un bloc qui accusait un autre… la famille du défunt qui appelait à la prière… les pneus brûlés dans les rues principales… les jeunes qui écrivaient leur souffrance et les aînés qui relataient leurs inquiétudes face au désarroi des jeunes…
Il y avait toutefois une seule grande différence: le nombre de jeunes qui s’étaient mobilisés pour faire un dernier adieu au Martyr… et sois sûre, qu’il ne s’agissait ni d’affinités politiques ni d’appartenances sociales ou religieuses, puisque personne ne mérite pareille mort… la réponse est plus simple: entre décembre 2005 et novembre 2006, tellement ont quitté ce pays…
Depuis mardi, une seule question me vient à l’esprit : « Teib w ba3den ? »… si de ton exil tu me trouves une réponse, je t’en serais plus que reconnaissante… entre temps, je vais me tordre le cou à écrire des articles à tendance positive pour que tous ceux qui sont en exil forcé ne tardent pas à revenir…

Anonymous said...

Comme d habitude je suis fiere de toi, continue!j espere que vous les grands ,vous serez plus adultes que notre generation

Anonymous said...

Je sais pas comment tu fais..ms c vraiment frustrant de suivre tout de l'etranger..j'ai passe la semaine a ouvrir tous les sites qui pourraient me donner le plus d'informations concernant le Liban..On me demande chaque jour comment va le Liban..c'est dur de dire: "Le Liban va mal..." et d'essayer de tout expliquer..Ce qui est encore plus dur, c'est de voir comment les autres percoivent notre situation..ils ne comprennent rien!!!Et quand on me dit: "Tu souris en parlant de tout ca..pourquoi?" Je leur repond que nous, libanais, nous ne perdons pas l'espoir de pouvoir un jour vivre libre et en paix dans notre pays..Bisous Mayouche..