Thursday, July 20, 2006

Enfants de la guerre... Children of war...

Je suis née en 1980, dans un pays déjà en guerre.
Je me souviens des semaines entières sans aller à l'école, entassés avec tous les voisins dans les escaliers de l'immeuble, plus sûrs que les appartements exposés aux obus. Le seul lien avec l'extérieur, un petit poste de radio crachotant les nouvelles des combats ou des chants patriotiques. Je me souviens de la file d'attente aux points d'eau potable, du rationnement de l'eau courante, les douches à la louche... Et puis les morts, les hurlements, les familles déchirées, aucune nouvelle de mon frère pris dans les bombardements et qui ne rentre toujours pas (il n'y avait pas de portables à l'époque!).
Enfin, l'arrêt des combats. Mais les Israéliens sont toujours là, les Syriens sont toujours là.
L'humiliation des checkpoints et des barrages, l'humiliation de devoir justifier à l'envahisseur pourquoi tu veux te déplacer dans ton propre pays.
Puis je suis partie en France en 2000, poursuivre mes études. De loin, j'ai assisté à la liesse de tout un peuple enfin libéré de l'occupant. De loin, j'ai assisté aux élections auxquelles je n'avais pas le droit de participer (plus pour longtemps je l'espère). Et puis de près, l'été 2005, j'ai retrouvé un pays que je n'avais jamais véritablement connu. J'ai redécouvert les trésors archéologiques et naturels du Liban, j'ai arpenté les rues flambant neuves du centre ville, j'ai pu traversé le pays du Nord au Sud, et d'Est en Ouest sans rencontrer le moindre drapeau syrien ou israélien. Je me suis enfin prise à rêver à des jours meilleurs pour nous tous.
Mais il semblerait que certains en aient décidé autrement...
Le bruit des bombardements m'a toujours hantée, a toujours hanté tous les Libanais de ma génération. Qui d'autre pourrait penser à "départ!" "arrivée!" (que nos pères postés sur le balcon annonçaient mécaniquement à chaque lancement ou atterrissage d'obus) en admirant des feux d'artifice? On en rigolait un peu amèrement l'année dernière à Faraya, le 15 août, en pensant ne jamais revivre cela.
Ce 14 juillet 2006 à Paris, je suis allée me réfugier au cinéma. Mieux vaut voir Superman sauver le monde de la destruction, que d'assister à des feux d'artifice pendant que ma patrie a droit à un autre genre de feux.


I was born in 1980, in a country already at war.
I remember whole weeks without going to school, crammed with all the neighbors in the building stairs, safer than the appartments exposed to shells. Our only link to the outer world, the small radio crackling news from the ongoing fights or patriotic songs. I remember the waiting line at the drinking water supplies, normal water rationing, showers with a scoop... And the deaths, the shoutings, families torn apart, no news from my brother trapped in the bombings and still not home (there were no cell phones then).
Finally, fightings stop. But Israelis are still there, Syrians are still there.
Humiliation of checkpoints and barricades, humiliation of having to justify to the invaders why you want to move in your own country.
Then I left for France in 2000 to continue my studies. Faraway, I watched the happiness of an entire nation at last free from the occupation. Faraway, I watched the elections I couldn't be a part of (hopefully not for long). Then on the spot, in summer of 2005, I found a country I'd never really known. I rediscovered Lebanon's natural and archeological treasures, I walked in the brand new downtown streets, I could travel the country North to South and East to West without seeing a single Syrian or Israeli flag. At last, I found myself dreaming of better days for all of us.
But someone seems to have had different plans...

The sounds of bombardments have always haunted me, have always haunted every Lebanese of my generation. Who else could think "Départ" "Arrivée" (ie Departure, Arrival, that our dads used to say, standing on the balcony, at every launching or landing of a shell) while watching fireworks? We were sadly kidding about that last summer in Faraya, on August 15, thinking we would never have to re-live that.
This July 14, 2006 in Paris, I took shelter at the cinema. Best to watch Superman save the world from destruction than to watch fireworks while my homeland is under another kind of fire.

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